[Mémoires de Khazad] La quête du Tonneau Sans Fond

(même si Dixi ne fait plus partit de la CEn, il reste un bon rôliste et mérite sa place dans notre bibliothèque)


Des vivats, des acclamations, la foule en délire. Qu'est-ce qui les rend si hystériques ?

Le soleil me brûle la peau. Des lumières blanches dansent devant mes yeux. Une multitude de mains se posent sur mes épaules, les frappant énergiquement. Pourquoi me regardent-ils tous ainsi ? Pourquoi me fixent-ils ainsi ?

Je les observe sans vraiment les voir. Je sais qu'il n'y a pas si longtemps, mon corps me faisait souffrir mais à présent c'est à peine si je sens mes muscles. J'ai l'impression d'être dans une bulle d'eau, les voix me parviennent déformées et ne relèvent aucun sens.

Et puis soudain, plus rien devant moi. Rien que l'horizon, sombre, un sol caillouteux et brûlant à perte de vue. Même l'air que j'aspire semble contenir un feu ardent. Rien, sauf une femme, dont la fine silhouette se découpe avec élégance sur le paysage.
Je m'approche à pas lents et mesurés. Ce que j'avais pris pour l'horizon est en fait une multitude de guerriers qui frappent en rythme leurs armes sur leurs boucliers.

Ce n'est pas un femme. C'est un démon. C'est Sheirl, la Gardienne des Secrets. Celle qui interdit le passage du Monde Interdit.
Ses yeux sont de braises, son visage recèle d'une multitude d'expressions. Tantôt l'amour, la tendresse, tantôt le mépris et la haine. Ses courbes sont parfaites, inhumaines de beauté et le plus fort des hommes se mettrait à genou pour ne serait-ce que la toucher.

-Mais tu n'es pas un homme, Izilbad Erkenbold, Prince de Tormen. Juste un nain, au coeur de pierre et à l'ego démesuré. Ta vanité te coûtera très cher. Rend moi ce qui m'appartient et je ne prendrai que ton âme. Je laisserai tes hommes rentrer chez eux.

Elle veut le Tonneau, le Tonneau de Khazad, le Tonneau sans fond. Je ne répond rien.

Son ton se fit plus railleur :

-Tu as perdu de ta superbe Izilbad. Le Royaume des Secrets t'as laissé dans un piteux état, qui aurait cru qu'un jour Izilbad le Magnifique marcherait en sandales, la tunique en haillons ? Rend moi à présent le Tonneau et sauve ton peuple.

Le Nain articula les mots d'une manière qui ne laissait place à aucune discussion.

-Je suis venu récupérer le bien de mon Peuple. Ecartes toi de mon chemin.
-Meurs, fou.

Sheirl se jeta sur Izilbad à une vitesse fulgurante. Sa lame jaillit dans sa main droite comme un serpent et se dirigea vers le torse du Nain. La réaction d'Izilbad fut immédiate. Il releva sa hache, bloqua le coup mortel d'un grand moulinet et tournant sur lui-même tenta s'asséner un coup puissant derrière la jambe de la jeune femme. Mais déjà l'épée venait se placer pour parer le coup, faisant jaillir des étincelles en tout sens.

Le démon ne laissa pas de répit au Prince de Tormen, frappant de gauche à droite, Izilbad paraît les coups de sa targe en bois, cédant du terrain petit à petit.
D'un grand revers d'épée, Sheirl écarta le bouclier du Nain et d'un puissant coup de pied, l'envoya au sol un peu plus loin.
D'un geste rapide, elle retira un poignard de sa ceinture et l'envoya de la main gauche vers son adversaire en train de se relever. La lame pénétra profondément la chair juste sous la clavicule droite.

Izilbad poussa un cri de douleur et resta un genou en terre, haletant. Les cris de consternation des Nains de Khazad étaient étouffés par la joie des combattants du Monde Interdit.

-Un bien vilain coup, Misérable pourceau. Tes efforts sont vains, rien ni personne ne peut vaincre Sheirl. Prosterne toi devant moi et je ferai de toi mon favori, j'ai besoin d'hommes valeureux pour protéger mon royaume.

Levant vers elle un regard injecté de sang, Izilbad arracha le couteau et l'envoya au loin.

Il se lança sur elle, et dirigea sa hache vers Sheirl comme s'il souhaitait la couper en deux. Au dernier moment, il modifia la trajectoire de sa lame, qui se planta dans l'épaule de la jeune femme. L'arme avait rencontré l'os et le Nain n'arrivait pas à la retirer.

Son visage était à deux doigts de celui de Sheirl, il pouvait sentir son parfum envoûtant et son haleine de fleurs. Mais également la flamme de sa colère et de sa douleur.

-Joli coup mon jeune ami, personne ne m'a jamais blessé, tu ne le regretteras jamais assez.

La modification d'apparence ne prit que quelques secondes. Son visage devint plus rugueux plus allongé. Ses bras devinrent plus puissant, maintenant plus fermement la prise sur le Nain.
Ses jambes se transformèrent en une énorme queue qui vint lui comprimer la poitrine et le bassin.

La panique monta chez Izilbad. Jamais il n'avait ressenti de peur au combat, mais son instinct de survie lui criait d'agir rapidement. Il porta des coups frénétiques pour dégager sa lame. Cependant, un bras de fer l'entravait, tandis que les anneaux du Serpent se refermaient sur lui.

Il résista longtemps, ses yeux plongés dans ceux de Sheirl, le cou saillant, faisant ressortir toutes ses veines. Mais son bras céda le premier. Il se brisa comme une branche morte, avec un craquement sinistre, sa lourde hache glissant sans qu'il puisse la retenir.
Dans un ultime effort, il envoya un coup rageur de sa targe vers la tête du démon qui encaissa douloureusement le choc. Cela eu pour effet de resserrer un peu plus les anneaux autour du corps d'Izilbad. Ses côtes se rompirent, puis ses jambes, sa cage thoracique craqua, perçant un poumon, lui faisant cracher du sang. Ses yeux devinrent vitreux et sa tête tomba sans vie en arrière.

Le corps d'Izilbad Erkenbold, Prince de Tormen fut traîné sur le sol dur du Monde Interdit et fut engloutit par les armées de Sheirl. Nul n'entendit plus jamais parler de lui.

3 Nains parvinrent à sortir du Royaume des Secrets, retraversèrent les Montagnes de la Douleur et revinrent à Amon-Khazad, 5 ans plus tard, à moitié fous. De ce qui advint du Tonneau sans Fond et des fidèles d'Izilbad... nul le sut.